Dans une démonstration saisissante d’endurance, de stratégie et de détermination, Laura Pineau et Kate Kelleghan ont inscrit leur nom dans l’histoire de l’escalade. Elles ont enchaîné les trois parois les plus emblématiques de la vallée de Yosemite — El Capitan, Half Dome et le Mont Watkins — en moins de 24 heures. Une prouesse monumentale dans le monde du big wall, et une première féminine historique.

« On a croisé tellement de femmes qui nous ont dit qu’elles étaient inspirées rien qu’en sachant qu’on allait tenter ça », confie Kelleghan. « C’était vraiment spécial de montrer que, oui, les femmes aussi font des trucs énormes. »


La Triple Couronne de Yosemite : une épopée moderne

La Triple Couronne est un défi d’endurance extrême qui consiste à gravir les trois grandes parois de Yosemite : El Capitan (par The Nose), Half Dome (par la face nord-ouest) et le Mont Watkins (par la face sud) en moins de 24 heures. L’enchaînement représente environ 71 longueurs d’escalade technique, avec plus de 2 100 mètres de dénivelé positif cumulé. En général, les grimpeurs passent plusieurs jours sur chaque paroi, mais accomplir les trois en une seule journée exige une vitesse, une efficacité et une endurance de classe mondiale. Réaliser cet enchaînement en moins de 24 heures te place dans un cercle très restreint ; seuls dix binômes l’ont fait.

Jusqu’à présent, aucun n’était composé de femmes.

« Historiquement, cette liste est entièrement masculine », explique Pineau. « On voulait changer ça — et maintenant, c’est fait. »


Le duo derrière cette ascension : l’aventure de Kate et Laura

Kate Kelleghan, originaire de Boulder, Colorado, et la grimpeuse française Laura Pineau ont formé un duo complémentaire, animé par une ambition commune et des compétences parfaitement alignées.

Plus tôt cette année, elles ont battu le record féminin de vitesse sur la voie Naked Edge dans l’Eldorado Canyon. Leur ascension en 37 minutes et 8 secondes a posé les bases du défi suivant.

« Naked Edge a été le meilleur entraînement possible », confie Pineau. « On a pu peaufiner notre communication en simu et gagner en confiance pour Yosemite. »

« C’était un peu comme une expérience scientifique », ajoute Kelleghan. « Est-ce qu’on pouvait préparer Laura en un temps record avec des tactiques complexes ? Apparemment oui. Et ça a posé toutes les fondations pour la suite. »


L'entraînement avec COROS

Préparer un défi comme la Yosemite Triple Crown, c’est s’engager dans un entraînement multi-dimensionnel : force, endurance, vitesse, précision et stratégie. Pour Laura et Kate, cela a représenté des mois, voire des années, d’entraînement méthodique et d’acquisition de compétences, adapté à leurs besoins individuels et aux exigences de chaque voie.

Laura avait la Triple Couronne en tête depuis plus d’un an et a intensifié sa préparation six mois avant la tentative. « Je me suis entraînée à fond sur l’endurance », explique-t-elle. « Être capable d’enchaîner un maximum de longueurs en une seule session… Je voulais être certaine de pouvoir encaisser 20, 30, 40 longueurs dans une journée. » Elle avait déjà une bonne base de force, mais c’est l’endurance qui allait l’amener au bout des trois grandes faces.

Leurs montres COROS ont joué un rôle clé dans cette préparation. Capables de suivre les temps d’ascension, d’enregistrer les données d’entraînement et de découper les voies en segments mesurables, elles ont permis de transformer un objectif complexe en données exploitables. Grâce à une connaissance précise des itinéraires et une analyse en temps réel, le duo a affiné ses tactiques et son rythme, rendant ce défi abstrait beaucoup plus structuré et stratégique.

Avec leurs montres COROS VERTIX 2S, Laura et Kate se sont entraînées avec une extrême rigueur.

« Chaque paroi nécessitait un nombre différent de répétitions pour qu’on se sente prêtes », explique Kelleghan. « Pour Watkins, il en a fallu quatre. Half Dome, seulement deux. On chronométrait chaque segment, on fixait des objectifs, et quand on les atteignait, on savait qu’on était prêtes. Si tu ne t’entraînes pas avec des données, tu avances à l’aveugle. »

Leurs données COROS ont guidé toute leur préparation : jours de repos, qualité du sommeil, gestion de la récupération.

« Elles nous disaient quand on en faisait trop, quand il fallait lever le pied, et quand on était prêtes », raconte Pineau. « À la fin, la montre criait “Excessive !” tous les jours — et elle avait raison. C’est là qu’on a su qu’il fallait se reposer, puis y aller. »

« La montre de Kate disait toujours “Très bon sommeil !” », rigole Pineau. « La mienne, c’était “Moyen. Pas assez. Recommence.” Mais même ça, ça nous a aidées à nous ajuster, à nous coucher plus tôt, à mieux récupérer. »

En enregistrant des données très précises pendant leurs répétitions, elles ont construit une cartographie tactique de leur itinéraire, identifié les zones lentes, et optimisé chaque geste. Leur préparation n’était pas seulement physique : elle était aussi analytique.


Contre la montre : l’ascension jusqu’à la dernière minute

Le jour J, Laura et Kate étaient prêtes à appliquer leur plan au millimètre. Armées de leurs données temps réel et de plusieurs mois d’analyses, elles ont attaqué au pied du Mont Watkins — et n’ont pas arrêté jusqu’au sommet du Half Dome.

Le départ a eu lieu à 16 h, le samedi 7 juin 2025, après un report pour éviter les orages. Dès la première section sur Watkins, le ton était donné : malgré 40 minutes de gagnées sur leur meilleur temps, elles devaient continuer à forcer l’allure. Watkins fut bouclé en 4 h 11.

De retour à El Cap Meadow à 22 h 15, la pression était maximale. Prêtes à s’engager dans The Nose sur El Capitan, Pineau et Kelleghan étaient concentrées à l’extrême. À ce stade, elles n’avaient plus que leur adrénaline et leur détermination.

Grimper The Nose de nuit a eu un coût. Pineau a pris les devants sur les quatre premières longueurs, mais chaque bloc affichait dix minutes de retard sur le planning. Leur avance de 40 minutes fondait. L’équation était impitoyable : le moindre ralentissement pouvait faire rater l’objectif. Elles terminent tout de même The Nose en 7 h 25 — rapide, mais pas assez pour relâcher le rythme.

À l’approche de Half Dome, la fatigue se faisait sentir. Quand Pineau a entamé son dernier bloc jusqu’au sommet, elle demandait l’heure à chaque longueur.

Leur progression s’est jouée comme une partition : relais rapides, transitions fluides, traversées maîtrisées. Toute la préparation — nourrie par les données COROS — leur a permis de rester dans la bonne zone d’effort, malgré l’épuisement.

Arrivées à la dernière longueur, il ne leur restait plus que 30 minutes de marge. C’est à ce moment que Kelleghan a compris ce qu’elle n’osait pas encore croire : elles allaient le faire. Elles atteignent le sommet de Half Dome en 5 h 50.

Temps total de l’enchaînement : 23 heures et 36 minutes. Une performance qui redéfinit les possibles dans l’histoire de l’escalade féminine.


Un héritage en construction

Le succès de Laura Pineau et Kate Kelleghan marque une étape importante — mais c’est surtout un appel inspirant.

Il encourage d’autres grimpeuses à viser plus haut, à s’entraîner avec plus de stratégie, et à repousser les limites établies dans le monde vertical. Leur aventure montre que l’alliance entre la passion et la technologie de précision peut ouvrir la voie à des exploits longtemps jugés inaccessibles.

« Il existe encore des barrières pour les femmes dans l’escalade », rappelle Kelleghan. « On vient d’en faire tomber une. »

Et à mesure que les athlètes intègrent des outils comme COROS dans leur pratique, on peut s’attendre à voir les limites reculer, les records tomber — et bien d’autres histoires comme celle de Laura et Kate éclairer le chemin.

ANALYSES D'ENTRAÎNEMENT