De ses débuts discrets dans les sentiers de Maurienne à ses victoires sur les plus grands ultras de la planète, Ludovic Pommeret trace une trajectoire unique : celle d'un coureur constant, patient, et résolument passionné.
Il a tout gagné — ou presque — mais c'est surtout par sa longévité et son humilité que Ludo inspire aujourd'hui les traileurs du monde entier. Rencontre avec un athlète qui ne court pas après les projecteurs, mais dont le parcours éclaire toute une génération.
Une trajectoire marquée par la persévérance
Avant de remporter l'UTMB, la Diagonale des Fous ou la Hardrock 100, Ludovic a connu un chemin bien plus sinueux que ce que son palmarès pourrait laisser croire. Sa première course d'ultra ? Une chute de tension. Un abandon.
« C'était en 2000, La Fort'iche en Maurienne. Je m'étais inscrit dans la catégorie marcheur… et j'ai abandonné. »
Le scénario se répète à plusieurs reprises. En 2004 puis 2005, il prend le départ de l'UTMB, sans parvenir à rallier Chamonix. Il faudra attendre 2009 pour que Ludo termine enfin une course de 100 km : la CCC.
La même année, il monte sur la deuxième marche du podium de la Diagonale des Fous, une course qui va bouleverser son rapport à l'ultra. « Ça a été un déclencheur. J'ai vu ce que mon corps était capable d'encaisser. Même en étant vraiment mal, mon corps m'a surpris. »
"Départ de la Hardrock 100" Compressport x COROS, par SImon Dugué
Depuis, sa carrière a pris son envol. UTMB 2016, Diagonale 2021, Hardrock 2024 et 2025, pour n'en citer que quelques-unes. Ludo s'impose comme l'un des coureurs les plus réguliers de la discipline. Sa force : une gestion de course patiente, presque silencieuse, avant de remonter sur la tête.
« Mon plus beau souvenir de course, c'est l'UTMB 2016. J'étais vers la 50e place aux Chapieux (km 52), et je suis remonté jusqu'à la victoire. Les émotions sont indescriptibles. Ça a aussi marqué mon style : partir derrière, revenir. »
Ce style si particulier — discret, méthodique, sans éclats précoces — est devenu sa signature, au point d'inspirer une collection capsule créée avec Compressport, Stay Behind. Un clin d’œil assumé à sa manière de courir : ne pas s'affoler, rester en retrait, revenir au bon moment.
Sa double victoire sur la Hardrock, en revanche, s'est construite autrement : en tête dès les premiers kilomètres, avec une gestion plus linéaire. Cette année, la Hardrock a été une course plus sereine, vécue avec le plaisir de partager l'aventure avec ses proches.
Une trajectoire patiente, dans un paysage qui se transforme
Le trail d'aujourd'hui n'a plus grand-chose à voir avec celui des années 2000. Plus structuré, plus exigeant, plus exposé, le sport a changé — et Ludovic avec lui. Sans jamais suivre les tendances de manière consciente, son évolution personnelle s'est naturellement alignée avec celle de la discipline.
« Il y a une vraie professionnalisation. Les partenaires mettent plus de moyens, donc les coureurs peuvent s'investir davantage. »
Lui-même, ayant réduit son activité professionnelle depuis deux ans, consacre plus de temps à son entraînement. Un changement important, à l'image d'une discipline en mutation : davantage de structuration, de planification, de rigueur autour de l'entraînement, mais aussi de la récupération, de la nutrition et du mental.
Compressport x COROS, par SImon Dugué
Un autre changement : aujourd'hui, Ludovic se concentre exclusivement sur l'ultra. S'il a longtemps couru aussi sur des formats plus courts — en équipe de France par exemple —, il s'est peu à peu orienté vers la très longue distance, ce qui implique des semaines de plus en plus chargées en volume et en heures de montagne.
À cette préparation, il associe chaque hiver de longues périodes de ski-alpinisme, qu'il considère comme indispensables à son équilibre physique… et mental. Ça, ça n'a jamais changé !
« À la fin de chaque saison, trail ou ski, je sature. Pratiquer ces deux sports me permet de varier et de retrouver l'envie. »
Et les données dans tout ça ? Ludo s'en sert, mais à sa manière. Il n'est pas du genre à courir les yeux rivés sur sa montre. Il utilise les données COROS, mais avec du recul. Ce qui l'intéresse, ce n'est pas de contrôler chaque séance, mais d'observer les grandes tendances, les signaux faibles, et l'évolution sur la durée.
« Je ne regarde pas ma fréquence cardiaque pendant l'effort, et je ne connais même pas mes zones. En revanche, j'analyse mes données à long terme et après les courses. »
Ce qu'il suit de près, ce sont surtout les courbes de Condition physique et de Charge d'entraînement disponibles dans l'application COROS, qui lui permettent de visualiser son état de forme global, de repérer les périodes d'accumulation, les baisses de régime… et de mieux doser ses blocs d'entraînement.
« J'aime voir l'évolution. J'aime voir que ça évolue dans le bon sens. »
Il utilise également les Bilans de santé proposés par COROS, notamment pendant ses stages en altitude, comme dans la préparation de la Hardrock. Ces indicateurs — saturation en oxygène, fréquence respiratoire, variabilité de la FC… — lui offrent un éclairage complémentaire sur sa récupération et sa capacité d'adaptation à l'environnement.
« Quand on veut, on peut »
Avec le temps, Ludovic est devenu bien plus qu'un coureur : il est devenu une référence. Et sans jamais forcer le rôle, il s'est naturellement retrouvé à transmettre. Aux jeunes de son team. À sa fille, Léa. À travers le livre À Contretemps qu'il vient de co-écrire. Son parcours inspire. Sa parole compte.
Island Lake, sur le parcours de la Hardrock 100 - Compressport x COROS, par Simon Dugué
Quand on lui demande ce qu'il aimerait transmettre à celles et ceux qui débutent, il n'hésite pas : la persévérance.
« Je veux qu'ils comprennent qu'on peut faire plein d'erreurs, échouer, et quand même réussir. Ça a été mon cas. J'ai abandonné tous mes premiers ultras. »
Car Ludo en est convaincu : ce n'est pas la facilité qui forge un athlète, mais la capacité à revenir. Encore. Et encore.
Il encourage aussi à progresser étape par étape — même s'il reconnaît, avec le sourire, ne pas toujours avoir suivi ce principe.
« J'ai commencé directement par l'ultra. Ce n'est pas ce que je recommande. Mais ce qui m'attirait, à l'époque, c'était le côté irréalisable du défi. »
C'est peut-être ça, au fond, l'esprit qu'il incarne : ne pas brûler les étapes… mais ne jamais éteindre l'envie.
Réponses en bref
Le meilleur conseil reçu ?
« Respecte tout le monde, ne crains personne. »
Un mantra que son coach lui répète régulièrement. Pour Ludo, c'est une invitation à rester humble, tout en croyant en ses chances, peu importe le plateau.
Une anecdote marquante ?
« Si j'avais reçu le message, je me serais peut-être arrêté… »
Lors de l'UTMB 2016, Ludovic est à la 50e place environ aux Chapieux (km 52). Son coach envisage qu'il abandonne pour se préserver en vue des Mondiaux, et envoie un message à sa femme, Céline. Mais sans réseau… elle ne le reçoit jamais.
Résultat : Ludo continue… et remporte la course.
Une valeur à transmettre ?
« Il faut oser échouer. On apprend plus de ses échecs que de ses victoires. »
Ludovic sait de quoi il parle. Avant de lever les bras sur les plus grandes courses du monde, il a enchaîné les abandons.
Mais il revient. Chaque fois. Et c'est ce qu'il répète aujourd'hui à celles et ceux qui se lancent : la réussite ne vient pas toujours du premier coup. Mais elle vient à ceux qui persévèrent.